La posidonie : espèce et habitat – aspects de biologie
Mais qu’est-ce que la posidonie ?
Posidonia oceanica est une plante à fleurs marine qu’on peut retrouver dans des eaux allant de 1 à 30 mètres de profondeur, voire exceptionnellement jusqu’à 40 mètres. Elle domine cet espace marin, en formant de vastes prairies. A savoir également qu’elle doit son nom au dieu grec des mers : Poséidon.
D’origine terrestre, la posidonie a évolué à partir de plantes de l’ordre des Alismatales, et on estime qu’est retournée dans l’eau il y a 60 à 100 millions d’années. De même que ses plantes cousines terrestres, elle est caractérisée par sa floraison qui a lieu tous les 5 à 10 ans, entre août et novembre, donnant naissance au printemps à des fruits appelés “olives de mer” qui se détachent puis flottent pendant une quinzaine de jours, avant de larguer leur unique graine qui germera pour donner un nouvel individu. C’est une espèce hermaphrodite et lorsqu’elle fleurit, ce phénomène est massif et coordonné, ce qui permet d’optimiser les chances de germination.
La posidonie est constituée d’un grand système racinaire et de nombreux bouquets de feuilles, c’est donc aussi pour cela que ce n’est pas une algue ! Les herbiers sont composés de rhizomes, des tiges souterraines, poussant à l’horizontale ou à la verticale et qui contribuent à la fixation et la stabilisation des sols. Les rhizomes rampants sont terminés par des racines qui peuvent récupérer l’ensemble des nutriments nécessaires dans le substrat et pouvant s’y enfoncer jusqu’à 70 centimètres. Les rhizomes dressés sont eux terminés par des bouquets formant des lanières de 4 à 8 feuilles vertes d’un centimètre en moyenne de large, et pouvant atteindre 1 mètre de haut. On peut ainsi trouver plusieurs centaines de feuilles au mètre carré.
La croissance de cette plante sous-marine est extrêmement lente (entre 1 et 6 centimètres par an), mais c’est une des plantes avec la plus grande espérance de vie. En effet, alors qu’une extrémité du rhizome pousse sans interruption, l’arrière meurt. Certains, comme à Ischia dans le golfe de Naples, seraient ainsi âgés de plusieurs millénaires !
Sous les prairies de posidonie, un autre monde se façonne. Les rhizomes couplés aux racines et à du sédiment forment un nouveau sol : la matte. Elle permet de maintenir le sédiment au fond et sert de refuge à de nombreux invertébrés. Elle croît de façon verticale, de 10 centimètres à près d’1 mètre par siècle. Ainsi, elle peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur et contribue à l’élévation du fond de la mer, tout en résistant à l’accumulation des sédiments. Cependant, si la sédimentation est trop rapide, les rhizomes sont étouffés, mais si elle est trop lente, la plante n’arrive pas à bien s’ancrer et peut se détacher. Dans de très rares cas, si la matte s’est accumulée sur plusieurs siècles, elle peut atteindre des hauteurs créant un véritable récif émergeant à la surface et isolant une zone de lagon. Morte, la matte peut persister pendant des siècles et le carbone qui y est enfoui reste ainsi piégé, transformé en hydrocarbures. Par exemple, on a retrouvé une épave romaine du golfe de Giens datant du 1er siècle avant notre ère, qui a été enfouie et préservée, ainsi que des milliers d’amphores contenant du vin italien.
A l’automne, la posidonie perd ses feuilles. Elles sont alors remises en suspension et amenées sur le rivage grâce aux courants marins pour former des banquettes, constituées également de rhizomes détachés, d’olives de mer, de sédiments, de pelotes et autres débris. Ces pelotes, appelées “aegagropiles”, sont un effilochage de fibres de feuilles mortes et de fragments de racines. Non digérables par les micro-organismes, elles s’entremêlent pour former des boulettes. Les banquettes sont un tapis naturel abritant de nombreuses espèces d’invertébrés, pouvant être déplacées d’une plage à une autre.
La posidonie est une espèce “ingénieure”, c’est-à-dire qu’elle a une grande capacité de modulation de son environnement et c’est le fondement d’un écosystème. Sans elle, il n’est rien. C’est aussi une espèce “sentinelle”, exigeante quant à ses conditions de vie. Elle est donc souvent utilisée comme indicateur de bonne santé du milieu marin côtier, puisqu’un changement néfaste de son environnement entraîne sa régression. Bien qu’elle puisse survivre dans une large gamme de température et salinité, elle a besoin d’une eau claire exposée à la lumière et à faible turbidité, ainsi que des températures allant de 13 à 26°C. Selon les saisons, la croissance sera ainsi très différente. De plus, plus la profondeur augmente, moins la densité des feuilles est élevée. Par exemple, à 2 mètres on peut compter 1200 pousses par mètre carré alors qu’à 30 mètres on n’en compte pas plus de 100.
Cette plante est une grande productrice de matière organique puisqu’elle domine les côtes méditerranéennes. Chaque année, sa production nette par la photosynthèse est estimée entre 2 et 3 kg de masse sèche/m².
La posidonie est une espèce endémique de la Méditerranée. Elle a survécu à la crise de salinité Messinienne il y a 5 millions d’années, durant laquelle la mer s’est quasiment entièrement asséchée pendant 300 000 ans. C’est donc une espèce miraculée ! Aujourd’hui, on estime que les herbiers représentent 0,005 % de la Méditerranée, mais plusieurs portions des côtes n’ont pas été réellement cartographiées. Ainsi, certains chercheurs estiment la surface réelle à 25 000, voire 50 000 km², soit 1 à 2% de la mer méditerranéenne. En France, on retrouve ces récifs de posidonies de la côte Catalane à la Corse en passant par Marseille et Cannes.

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