Qui se cache dans ces herbiers ?
Les herbiers de posidonie sont de véritables créateurs d’habitats ! Ils hébergent une grande biodiversité spécifique, puisqu’on y retrouve 20 à 25 % des espèces animales et végétales méditerranéennes. La majorité d’entre elles n’y sont que de passage, venant des écosystèmes des fonds rocheux ou sableux par exemple, mais des centaines s’y abritent constamment. Ces prairies sous-marines ont donc plusieurs fonctions écologiques. Elles constituent une zone de frayère, de nurserie, de nutrition et d’abri.
Étant une espèce à grande production primaire, elle est à la base de plusieurs chaînes alimentaires. En effet, en plus de la posidonie en elle-même, on retrouve plusieurs producteurs primaires vivant dans ce biotope et réalisant donc la photosynthèse. Il y a notamment les épibiontes (organismes vivant sur un autre être vivant) foliaires comme les cyanobactéries ou les algues brunes, et les épibiontes de rhizomes comme les algues vertes et les rouges calcaires. Bien que l’herbier en tant que tel soit moins consommé en raison de ses défenses chimiques et structurelles, ces autres espèces photosynthétiques sont bien plus appréciées par les herbivores.
Plus généralement, on distingue trois catégories de faune et de flore. Il y a les espèces sessiles, c’est-à-dire fixées directement sur le substrat sans attache intermédiaire, qui se trouvent sur les feuilles de posidonie. On y trouve notamment les algues calcaires encroûtantes, les hydraires (comme la Sertulaire des posidonies), ou les bryozoaires. On retrouve ensuite les espèces qui vivent directement dans la matte, comme des algues, des mollusques et des ascidies. Enfin, les espèces dites vagiles, sont celles qui peuvent se déplacer dans leur environnement, comme les mollusques, les isopodes, les échinodermes (oursins et étoiles de mer), et les poissons.
La posidonie héberge des espèces filtreuses caractéristiques du milieu comme la grande nacre (Pinna nobilis) ou encore les holothuries (concombres de mer). Elles nettoient les eaux ainsi que les sédiments. La grande nacre est un mollusque, un bivalve, qui se nourrit de plancton et de particules mortes, et les holothuries quant à elles se nourrissent de matière organique. Elle permet également d’abriter des algues ou même des huîtres, jouant ainsi un rôle clé dans cet écosystème.
On retrouve deux principaux phytophages (herbivores) associés aux herbiers de posidonie: l’oursin violet (Paracentrotus lividus) et la saupe (Sarpa salpa). Paracentrotus est un herbivore benthique, brouteur, se nourrissant principalement d’algues mais pouvant être à l’origine de zones désertiques ou stériles. La saupe, ce poisson au reflets or, est le poisson herbivore le plus répandu en mer Méditerranée. Les castagnoles (Chromis chromis) et les mendoles (Spicara maena) sont les deux principales espèces de poissons planctonophages qu’on retrouve dans les herbiers, diurnes, et qui dorment la nuit posés au fond.
Ces poissons sont traqués par des prédateurs, des téléostéens carnivores, souvent spécialisés dans le camouflage dans les feuilles de posidonie. On retrouve par exemple le labre vert (Labrus viridis), le serran écriture (Serranus scriba), le chapon (Scorpaena scrofa) ou le congre (Conger conger). A l’affût dans les herbiers, ils se nourrissent aussi de mollusques, vers, et invertébrés. Dans les autres prédateurs de passage, on y retrouve également des céphalopodes comme le poulpe (Octopus vulgaris), mais aussi des murènes communes (Muraena helena) ou des seiches (Sepia officinalis).
En plus d’être un lieu de vie, les herbiers de posidonie ont un rôle de nurserie. Les espèces viennent s’y reproduire et y pondre leurs œufs. Les juvéniles y trouvent également un abri, afin de survivre face aux nombreux prédateurs qui les entourent. On peut alors fréquemment y voir de jeunes sparaillons (Diplodus annularis), de petites dorades grises (Spondyliosoma cantharus), ou encore de jeunes crénilabres.
Ces prairies de posidonie ont donc une grande abondance d’animaux et végétaux, et ont un rôle crucial dans le maintien de ces populations marines littorales.