L’histoire du projet PRIME

En 2019, le projet est né de la volonté de protéger les herbiers de posidonie et les récifs coralligènes en surveillant l’activité maritime avec les données du Système d’Identification Automatique (AIS) dans les habitats sensibles de la baie de Cannes. En 2020, notre collaboration avec les étudiants MBA de l’ESSEC Business School a donné une nouvelle dimension au projet, renforcé par le soutien de la ville de Cannes et notre participation à l’accélérateur de solutions climat. Nous avons rencontré Blue Leaf Conservation, qui travaillait sur le projet de carbone bleu pour lutter contre le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité. 

En juin 2021, la présentation fructueuse au TEDx Talk à Cannes au Palais des Festivals, a attiré l’attention de notre premier soutien financier. Les ressources de la Fondation Cannes ont été cruciales pour l’implémentation des premières phases du projet de restauration des herbiers de posidonie.

NaturDive a donc lancé PRIME, un projet ambitieux et crucial pour la préservation de la posidonie en Méditerranée. 

Le premier chantier de restauration a eu lieu en 2024, avec la restauration de 1 000 m² de matte morte de posidonie, sur un objectif initial de 3 000 m² en trois ans. Cette première mission a permis de valider la méthodologie et la logistique en vue des prochaines missions.

À partir de 2025, deux chantiers annuels sont prévus (un au printemps, l’autre à l’automne). Avec l’extension de la ZIEM qui ajoute 1 000 m² à restaurer, la durée des chantiers passera de 6 à 9 semaines par an. L’objectif est donc désormais de restaurer 4 000 m² d’ici 2026, avec 1 500 m² par an en 2025 et 2026. 

Notre méthode de restauration des herbiers

L’équipe de plongeurs scientifiques de NaturDive et ses bénévoles s’appuient sur une méthodologie optimisée et validée scientifiquement grâce à d’autres expériences de replantation réussies (projet REPIC par Andromède Océanologie en 2022 par exemple). Elle repose sur la replantation de fragments de posidonie dits “en épave”, c’est-à-dire arrachés mécaniquement par les ancres ou naturellement par des tempêtes. Ces fragments sont replantés à l’aide d’agrafes. Cette approche innovante offre une seconde chance de survie aux herbiers déracinés !

La replantation se fait principalement dans la matte morte, dans les zones témoignant de la présence passée d’herbiers de posidonie et où la probabilité de succès de restauration est élevée. Ces sites sont identifiés lors de plongées de reconnaissance et par photogrammétrie, aérienne et sous-marine, permettant également de mesurer la surface de recouvrement de la plante et de la matte morte. Les lieux de collecte doivent être à proximité des chantiers de restauration, et doivent correspondre à des zones où le mouillage des bateaux est autorisé et où la profondeur ne dépasse pas les 12 mètres.

Durant la collecte des fragments en épave, les plongeurs sélectionnent les morceaux les plus vigoureux. Ils doivent avoir un ou plusieurs rhizomes plagiotropes (rampants) et au moins trois faisceaux de feuilles, dont idéalement deux sont issus d’un rhizome orthotrope (dressé). Le fait d’avoir au moins un rhizome plagiotrope augmente considérablement les chances de survie et de croissance des racines, puisque la plante peut s’ancrer efficacement dans le fond. Une fois collectés, les fragments sont vérifiés et mis par 50 dans des filets qui seront stockés sous le bateau jusqu’au lendemain, jour de replantation. A savoir que, par exemple, la phase de collecte a représenté pour le chantier automne 2024 72 heures d’immersion !

Par la suite, les fragments sont replantés en formant des quadrats de 1 m². On distingue ainsi des îlots de quatre quadrats, espacés d’un mètre chacun. Cette conformation et densité de fragments permet à ceux-ci de s’étendre et d’avoir une plus grande chance de survie. Pour la planter, la posidonie est enfoncée de quelques centimètres dans le substrat à l’aide des agrafes biodégradables, qui seront retirées pour la plupart trois ans après. En automne 2024, cette phase a représenté 203 heures de plongée !

Un suivi scientifique de 5 ans est prévu et permettra d’évaluer la reprise et la croissance des herbiers. Cette étude se fera sur 9 quadrats identifiés de manière permanente grâce à un bout flottant. En parallèle, les scientifiques feront également le suivi d’un herbier naturel de référence, constitué de 3 quadrats et à proximité de la zone de replantation. L’ensemble de la surface de posidonie restaurée sera également mesurée par photogrammétrie. Il est attendu que l’ensemble de l’herbier soit rétabli d’ici 10 ans environ. 

Le prochain chantier de restauration débutera en juin prochain, n’hésitez pas à suivre nos actualités !