Description du projet

Partagez une observation de mérou !

Quand les sciences participatives et l’intelligence artificiel s’associent pour la protection du
mérou brun !

Le protocole INGRID (INdividual GRouper IDentification) permet d’identifier, avec l’aide d’une Intelligence Artificielle, les individus de mérou brun (Epinephelus marginatus) et de suivre l’évolution de leurs populations. A partir d’une image (photographie ou vidéo), il est possible d’identifier et de reconnaître les tâches caractéristiques que porte chaque mérou. Une carte d’identité de chaque individu ainsi photographié ou filmé est établie. Chaque nouvelle image est ensuite comparée à l’ensemble de la base de données en utilisant un algorithme (IA) qui détermine si celle-ci correspond (avec plus ou moins de vraisemblance) à un individu déjà répertorié. Grâce aux sciences participatives et à l’implication de l’ensemble des citoyens, il est ainsi possible de suivre dans l’espace et le temps, les individus de mérou brun !

L’objectif du projet INGRID est d’œuvrer pour la protection du mérou brun en collectant une grande quantité de données fiables et objectives à destination des scientifiques, décideurs et gestionnaires d’aires marines protégées, pour déterminer l’abondance, la fidélité aux sites, et les déplacements des individus.

Pourquoi le mérou brun ?

Le mérou est le poisson emblématique de la Méditerranée !

C’est une espèce patrimoniale qui a un haut niveau trophique et c’est également une espèce parapluie. Pour faire simple : si le mérou va bien… tout va bien !
En France il est protégé par un moratoire reconductible depuis 1993, interdisant la pêche et la chasse sous-marine de le prélever. Il est une espèce en danger sur la liste rouge de l’ IUCN (International Union for Conservation of Nature). Si aujourd’hui ses populations vont mieux dans les réserves, ce n’est pas toujours le cas en dehors.

Le moratoire français prendra fin en décembre 2023 et le risque de voir les populations chuter à nouveau est bien réel !

La particularité de ce poisson est d’être hermaphrodite avec une maturité sexuelle tardive. Il est juvénile jusqu’à l’âge de 3-4 ans où il va atteindre sa maturé sexuel pour devenir femelle. Puis, vers l’âge de 10-12 ans, il deviendra mâle. Si le prélèvement de cet espèce est à nouveau autorisé, il ne va laisser survivre que les petits individus, et donc au mieux que des femelles !

Un équilibre fragile à préserver !

Pour mieux le protéger, les scientifiques et les gestionnaires d’aires marines souhaitent connaître ses éventuels déplacements. Par exemple, l’étude de son périmètre d’action permettra de définir la taille des réserves à mettre en place. Sa fidélité aux différents sites donnera un bon indicateur pour la localisation et la mise en place de nouvelles réserves. Et enfin, son suivi régulier pourra sans doute lever des zones d’ombres sur certains aspects de son comportement.

L’intérêt de la reconnaissance d’un individu ne se limite pas à l’espèce des mérous bruns. Il existe un réel besoin pour d’autres espèces ayant des caractéristiques de différenciation de l’individu distinctes.

Un projet aux multiples facettes : environnementale, sociale et économique

Sur un plan environnemental, le suivi d’individu au sein d’une espèce est primordial pour les scientifiques étudiant une espèce et/ou son écosystème. Il est également nécessaire pour les gestionnaires d’aires marines protégées d’effectuer le suivi de l’effet réserve (ou de l’effet pêche pour reprendre le Professeur Patrice Francour). Le mérou brun est un prédateur en bout de la chaîne trophique, il est un indicateur de la bonne santé du milieu dans lequel il vit. Néanmoins, les méthodes actuelles de balisage d’un individu sont invasives et requièrent des moyens importants. Elles obligent à positionner sur l’animal une balise sous forme de bague, soit en l’accrochant, soit en incisant l’animal. Il n’est pas toujours possible d’utiliser cette technique, et même parfois impossible pour des raisons évidentes de mise en œuvre. Une alternative consiste à reconnaître un individu au travers de caractéristiques différenciantes.

En ce qui concerne l’aspect social de ce projet, les sciences participatives permettent une co-production de savoir entre scientifiques et citoyens. NaturDive a une grande expérience des sciences participatives subaquatiques. Nous avons appris que nos plongeurs trouvent une grande satisfaction à plonger utile. Leur plongées restent contemplatives, mais ont également une utilité scientifique. Les sciences participatives leur permet également d’enrichir leurs connaissances sur le milieu marin. Ce projet est l’opportunité pour des plongeurs loisirs d’être impliqués dans un programme de recherche et de conservation d’une espèce patrimoniale et de son habitat associé. D’autre part, nous intégrons tous les acteurs du milieu marin dans nos projets (plongeurs, pêcheurs loisirs et pêcheurs professionnels). En collectant des données de bonnes qualités (et non plus des impressions) nous obtenons une meilleure acceptation sur la reconduite du moratoire.

Et pour finir, d’un point de vue économique, une étude réalisée par le GEM a démontré qu’un mérou vivant a une valeur de 150 000 € !!! Soit 1 000 fois le prix d’un mérou pêché donc mort.

La genèse du projet et ses partenaires.

Ce projet est né d’un besoin des scientifiques comme le Professeur Patrice Francour (décédé en 2019), expert en ichtyologie, spécialiste du mérou et directeur pendant 10 ans du laboratoire ECOMERS de Nice. NaturDive poursuit ses travaux en y intégrant l’IA et les sciences participatives, et devient INGRID : INdividual GRouper IDentification.

Aujourd’hui, nous travaillons en partenariat avec le Professeur Philippe Lenfant de l’Univesité de Perpignan et Président du Groupe d’Étude du Mérou (GEM).

Ce projet a également un grand nombre de partenaires en France et à l’International. Les données récoltées sont transmises au panel d’experts composant le Groupe d’Étude du Mérou (GEM) pour alimenter la base nationale sur les peuplements de mérou.

  • Protocole : INGRID
  • Espèce : Mérou brun (Epinephelus marginatus)
  • Objectif : Suivi et protection des individus et peuplements