Quelles solutions pour préserver la posidonie ?
Bien que la posidonie soit soumise à de nombreuses pressions, il existe plusieurs réglementations afin de la conserver. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe la posidonie dans sa liste rouge des espèces en danger. C’est pourquoi de nombreuses mesures juridiques sont prises afin de la protéger.
Petit rappel de la réglementation :
- Au niveau méditerranéen, la posidonie est inscrite à l’annexe II de la Convention de Barcelone (liste des espèces en danger ou menacées). L’espèce est également inscrite à l’annexe I (Espèces de flore strictement protégées) de la Convention de Berne.
- Au niveau européen par la directive européenne « habitat, faune, flore ». De plus, les règlements de pêche de l’UE limitent les activités de chalutage à proximité du rivage (soit au-dessus de 50m, soit à une certaine distance de la côte), ce qui constitue une mesure de protection indirecte pour l’espèce.
- En France, la protection juridique de la posidonie relève de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, et de son décret d’application du 25 novembre 1977, relatif à la protection de la faune et de la flore sauvages du patrimoine naturel français. À cela s’ajoute, l’arrêté du 19 juillet 1988 et le décret du 20 septembre 1989 de la Loi littorale. Ce décret d’application impose notamment la réalisation d’une notice d’impact spécifique sur le milieu marin, et en particulier sur l’herbier de Posidonie, pour tout projet d’aménagement littoral. De plus, la présence d’herbiers doit également être prise en compte dans les dossiers d’aménagement et les études d’impact.
La gestion du mouillage pour lutter contre la destruction des herbiers de posidonie est essentielle pour les préserver. En Méditerranée, des zones d’interdiction au mouillage aux navires de plus de 24 mètres ont été mises en place en 2020 par le préfet maritime de la Méditerranée. Cette mesure s’accompagne de ZMEL (Zones de Mouillage et d’Équipements Légers) qui ont été créées afin de proposer aux plaisanciers des zones réglementées garnies de bouées fixes, étant une alternative à l’ancre. Les bateaux s’amarrent sur ces bouées au lieu d’utiliser leur dispositif de mouillage.
Des mouillages éco-responsables ont aussi été conçus. Ces ancres “posidophiles” ne labourent pas les fonds marins. L’une d’entre elles, “Ancr’éco”, inventée par Antoine Canu, a d’ailleurs reçu le prix de l’engagement pour la planète et la médaille d’or de l’innovation. D’autres moyens ont également été mis en place afin de mieux gérer le mouillage, comme des applications de cartographie (Donia par exemple) qui recensent l’emplacement des herbiers afin de viser plutôt les zones sableuses pour y déposer l’ancre.
Afin de limiter les dégâts anthropiques, il faudrait stopper ou du moins fortement ralentir l’urbanisation ainsi que l’aquaculture. On a d’ailleurs pu constater des conséquences désastreuses de ces activités sur cette plante. Par exemple à Marseille, près de 44 % des prairies sous-marines ont été réduites en 12 ans en raison du déversement des eaux usées, ou encore que 11,2 hectares ont été perdus et 9,8 autres considérablement dégradés par l’aquaculture pendant 10 ans dans le sud-est de l’Espagne, dans la baie d’Hornillo à Aguilas.
Une autre solution serait de protéger officiellement des zones entières de toutes pressions anthropiques, c’est-à-dire augmenter le nombre et la surface d’Aires Marines Protégées (AMP) et des Autres Mesures Spatiales de Conservation (AMSC). D’après le site du gouvernement, les AMP sont définies comme étant “des espaces délimités en mer qui répondent à des objectifs de protection de la biodiversité marine et qui favorisent la gestion durable des activités maritimes” permettant “de concilier les enjeux de protection et le développement durable d’activités”. En 2020, on trouvait 1087 AMPs, soit 8,33% de la mer Méditerranée (MedPan).
De nombreuses zones ont pour objectif de protéger la posidonie. En effet, 39,77% des herbiers de posidonie de la Méditerranée sont couverts par des AMPs et AMSCs. Les limites extracôtières de ces zones sont généralement déterminées par les limites des herbiers locaux et de leur extension en profondeur. D’ailleurs, dans ces zones, on ne remarque pas de déclin de la posidonie. Malheureusement, un simple titre de protection ne suffit pas si la gestion est inexistante. La protection juridique et les restrictions officielles ne sont parfois pas suffisantes pour assurer une préservation optimale des herbiers. Des activités extérieures aux zones protégées ont aussi un impact néfaste sur la biodiversité des AMPs. Il est donc évident qu’un plan de gestion à grande échelle est fondamental, et doit s’étendre au-delà des AMPs prises individuellement.
Une des solutions pour préserver la posidonie est aussi la restauration des herbiers endommagés. Plusieurs techniques existent et montrent des efficacités variables. La difficulté principale étant de réussir à fixer les boutures dans le sédiment mais également à concevoir des structures d’appuis capables de résister aux vagues ou à l’action des courants de fonds. Le projet PRIME (Posidonia Replantation Initiative for a resilient Mediterranean Ecosystem) porté par NaturDive a pour objectif de restaurer 4000 m² d’herbier dans l’Écomusée sous-marin de Cannes, entre les Îles de Lérins (Sainte-Marguerite et Saint-Honorat). L’équipe de plongeurs scientifiques de l’association replante à l’aide d’agrafes des fragments de posidonie qui ont été arrachés par les ancres ou par des tempêtes. Cette approche innovante offre une seconde chance de survie aux herbiers déracinés.
Une fois morte, nous pouvons aussi agir pour protéger la posidonie. Les banquettes de feuilles mortes et de rhizomes déposées sur les plages sont généralement déplacées car jugées peu esthétiques voire sales. Or, elles ralentissent l’érosion des côtes en limitant l’impact des vagues et des tempêtes hivernales et elles forment un tapis naturel abritant de nombreuses espèces d’invertébrés. Si elles sont retirées, les plages se retrouvent menacées de disparaître. Elles doivent ainsi être ré-ensablées. Ce réensablement et le fait de déplacer ou retirer les banquettes des plages a un coût élevé, alors que les laisser en place ne coûterait rien !
Enfin, l’éducation auprès du grand public permet de sensibiliser à la cause, et ainsi protéger les herbiers de posidonie. NaturDive notamment a mis en place plusieurs actions de sensibilisation comme des ateliers de réalité virtuelle 360° auprès des enfants dans les écoles ou dans des bibliothèques publiques, des expositions photos, ou encore un travail collaboratif avec les classes participantes au projet AME (Aires Marines Educatives). Plus il y aura de personnes sensibilisées, plus les herbiers de posidonie seront protégés !